Et maintenant, il nous faudrait même travailler!

Publié le 19/07/2025

« Je suis un fan absolu de ma famille » disait en mai dernier au journal Le Figaro Edouard de Habsbourg-Lorraine, Archiduc d’Autriche, diplomate hongrois, ambassadeur de Hongrie au Vatican et descendant de Charles Quint, à qui Napoléon aurait certainement dit « ah, vous descendez, moi je monte ». Un autre membre de la famille, Charles de Habsbourg-Lorraine, est petit-fils du dernier Empereur d’Autriche, prétendant aux trônes de cet Empire et des royaumes de Hongrie et de Bohême. Autrichien (ils se partagent habilement les nationalités des deux centres traditionnels de l’ancien empire), il a été député au parlement européen puis directeur de l’Organisation des Nations et Peuples non représentés (sic). Il se dit Charles II d’Autriche, Charles V de Hongrie et Charles VI de Lorraine (il devrait laisser la Lorraine tranquille, car la France a payé suffisamment cher pour la récupérer). La devise des Habsbourg est AEIOU, dont Frédéric III, qui en serait à l’origine, aurait affirmé le fait qu’elle signifierait Alles Erdreich ist Oesterreich untertan, ou « Toute la terre est sujette à l’Autriche ». Je trouve donc qu’ils ne se mouchent pas du coude, les Habsbourg-Lorraine, et cela m’évoque deux choses.

D’abord, les premières lignes du roman de Jaroslav Hasek « Le brave soldat Švejk » (ou Chvéïk) , dont les ennuis commencent dans le restaurant Au Calice de České Budějovice, une ville de Tchéquie, en Bohème du Sud, qui était autrefois située dans l’empire Austro-Hongrois. Le jour de l’assassinat de l’Archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, un agent en bourgeois demande au patron du Calice où est le portrait de l’Empereur (d’Autriche) qui était au mur, avant. « Comme les mouches chiaient dessus, je l’ai fait retirer », répond celui-ci. Sur ce, Chvéïk entre, commande un bière noire Budweiser Budvar (dont l’homonyme américaine ne mérite même pas le nom de copie), puis se lance sans méfiance dans un dialogue avec le détective en civil. Il lui dit par exemple que si l’Archiduc avait été encore plus gros, il aurait eu depuis longtemps une attaque en courant après les femmes et qu’il aurait ainsi évité cette mort honteuse par assassinat, qu’il compare avec celle d’un marchand de cochon « qu’on avait bouzillé au marché pour une petite dispute » . Quand il parle des outrages de lèse-majesté contre l’Empereur de certains, lorsqu’ils sont saouls, le détective demande lesquels et il répond « Allez-y, saoulez vous, faites vous jouer l’hymne autrichien, et vous verrez comme vous vous y mettrez « . Le détective se dévoile, les arrête tous les deux pour crime de haute trahison, et Chvéïk est envoyé au front de la première guerre mondiale.

L’autre est une plaisanterie sur un Habsbourg qui travaille tard, après la deuxième guerre mondiale et qui appelle son assistant, Hans. Sans réponse, il sort de son bureau, voit l’étage vide et les lumières éteintes, puis en bas, à la réception de l’entreprise, il ne trouve que le vieux veilleur de nuit qui somnole, assis sur une chaise.

  • « Où sont-ils tous passés ? questionne-t-il,
  • « Au match de foot, votre Altesse Impériale et Royale » répond le vieil homme, qui s’est levé, puis courbé,
  • « Quel match? »,
  • « Autriche Hongrie, Monseigneur »,
  • « Ah, et on joue contre qui? » demande encore l’Archiduc.

Un autre plaisanterie, russe, cette fois-ci. « Il a dû se passer des évènements », grommelle un vieil homme très distingué qui est au volant d’une voiture dans les rues de la capitale française, au début des années vingt du siècle dernier, « j’étais Prince à Moscou et me voilà chauffeur de taxi à Paris ».