En ce mois d’avril 2022, Vladimir Putin atteint son sommet, en Russie il fait peur à tout le monde, il écrase les oppositions, la presse et les réseaux sociaux. A l’étranger il massacre les peuples et rase des villes entières pour terroriser les occidentaux dont il méprise la faiblesse et la décadence morale. Tout allait donc assez bien pour lui, lorsqu’un événement inattendu était venu gâcher son règne et ses ambitions de tzar le plus terrible.

Lorsqu’à la mi avril Mikhaïl Sergueïevitch Gorbatchev meurt à 92 ans, Putin commet une erreur de débutant. Au lieu de faire des funérailles nationales au dernier président de l’U.R.S.S. et de l’oublier au plus vite, il le fait enterrer à la sauvette et fait publier dans la presse à sa botte un communiqué laconique dans lequel il écrit que c’était un traître à la patrie, qui avait présidé à la fin de l’U.R.S.S. et de l’empire russe. Il croyait s’être sorti facilement d’un événement insignifiant à ses yeux, mais cela ne s’était pas passé comme il le voulait. Le peuple russe était descendu dans la rue par centaines, par milliers puis par millions et il avait chanté à tue-tête, jour et nuit pendant des semaines, “Glasnost, Perestroïka”. Effrayé, en panique, Putin avait commis une deuxième erreur, celle-ci beaucoup plus grave, il avait ordonné à ses sbires de “tirer à vue sur ces braillards”. Alors tout s’était enchaîné très vite, une révolution populaire l’avait déposé, des élections libres avaient été organisées, lui-même avait été enfermé à la Loubianka, dans l’attente de son procès et le corps de Gorbatchev, momifié, avait été mis à la place de celui de Lénine dans le fameux mausolée, qui avait donc changé de nom, comme la place rouge aussi d’ailleurs. Cela avait été comme le dernier clou dans le cercueil du communisme soviétique.

Hu Yaobang avait déjà montré en Chine, en 1989, qu’il faut se méfier des morts vivants.

Aujourd’hui, je reçois de Saint Pétersbourg, par message électronique, la copie d’une pétition qui circulerait sous le manteau là-bas et qui serait destinée au président Putin.

“Vladimir Vladimirovitch, tu te te montre toujours comme un mâle hétérosexuel puissant, torse nu sur un cheval que tu serres entre tes cuisses surmusclées, en combats corps à corps et en transpiration au judo ou bien au hockey sur glace. Tu sembles avoir un besoin constant de souffrir physiquement, tes femmes sont toutes dominatrices ou athlétiques et maintenant, tu as ce vocabulaire et ces attitudes de chef de guerre sans merci, avec lesquels tu envoies de jeunes hommes russes mourir à la guerre, comme pour te venger de leur beauté, toi qui est petit, maigrichon et assez laid.

Vladimir Vladimirovitch, fais ton coming out, comme disent les américains que tu hais tant, annonce ton homosexualité, enlève ce poids de tes épaules, démissionne de tes fonctions et rappelle tes troupes d’Ukraine. Nous pouvons t’aider, nous avons plusieurs associations bienveillantes qui pourront t’accueillir, malgré les crimes que tu as commis, tu ne serais pas le premier en Russie, il n’y a pas de honte, tu te sentiras tellement mieux, après “.

Si seulement…

Ce matin, j’ai reçu une lettre de Moscou, signée d’un maréchal du K.G.B. à la retraite (je ne savais pas que ce grade pouvait même exister chez les anciens barbouzes soviétiques), traduite en français par un membre de sa famille, cela sent fortement la désinformation.

Camarade Houatfeu,

Petite nièce donne traduction russe de ta article sur sabotage occidental dans guerre Ukraine, enfin quelqu’un comprendre quelque chose et voir le vrai vérité, je dire bravo à toi et alors je donne grand secret que tu garde pour toi: petit colonel très laid, Poutine, est agent américain C.I.A., ils recrutent quand il est à l’Allemagne de l’Est, si tu regarde son tête, regard bas, tu comprends bien vite il peut pas être là où est maintenant tout seul, avec sa intelligence. Américain mettre lui dans la patte de ivrogne qui a perdu les doigts, le Elstine, ensuite il mettra dans le Kremlin, il est l’agent qui dormira, comme dit l’anglais.

Quand Russie puissant, l’armée forte, économie grande avec de gaz, de mazout, de gazoline, du technologie, quand veut faire l’ami avec le chinois, alors américain réveille petit colonel borné et faire le check mate, coup génie, comme tu dis français, comme dit Trump (lui comprendre vérité, comme toi): il fait guerre à Ukraine. Dans le quinze jours, armée russe foutu, économie russe foutu, argent russe économise foutu, réputation Russie foutue, jeune russe foutu, U.S. envoie encore d’armée à Europe, Europe achète de l’arme américain et reste OTAN. Sébastien, dire tes amis, aussi, pas peur bombe à tomique russe, américains pas fou, pas dire à agent à lui tirer sur eux. Je donne toi encore scoupe: regarde plus tard, si Chine va dans la Taiwan, armée prend le pâté, argent foutu, économie foutue de la sanction, jeune foutus, alors tu peux demander si président de chinois pas recruté de le C.I.A., quand lui pas content si Mao envoie à la campagne à la rééducation intellectuelle.

Salutations révolutionnaires, Maréchal Iouri Vladimirovich Protopopov (à retraite)

Je ne lui réponds pas, car je n’ai pas envie d’acheter un timbre pour Moscou, déjà que j’ai dû payer l’affranchissement du courrier qui, contrairement à son auteur, n’était pas timbré.

Rats, Poux, Teigne

Ras, pou, tigne

Ras poutine

Raspoutine

On savait que le nouveau maitre du monde avait décrété par oukase impérial, qu’en Europe, aucune élection libre ne pouvait désormais se tenir dans un rayon de dix mille kilomètre autour de Moscou, on avait aussi compris qu’il interdisait à tout nouveau pays d’adhérer à l’Union Européenne et qu’il utiliserait l’arme nucléaire contre la Suède et la Finlande, si jamais elles osaient seulement penser à se rapprocher de l’OTAN.

Sa dernière décision en aura donc surpris plus d’un, puisqu’il vient d’ordonner en effet, par un autre décret tsariste, que le Royaume Uni devait redevenir membre de l’U.E., avec effet immédiat. Interrogé par l’Agence TASS, qui lui demandait respectueusement si ce n’était pas un petit peu contradictoire aves ses autres décisions, il avait répondu qu’il préférait voir le bouledogue attaché, à la niche, plutôt que de le voir rôder un peu partout en liberté.

La réponse de Boris Johnson est impubliable, mais elle était suffisamment explicite.

Communiqué du Gremlin, 25 février 2022

A la suite d’un bug provoqué par un sabotage occidental, les troupes russes pacifiques et bienveillantes qui participaient à des manœuvres innocentes aux frontières de l’Ukraine et qui désirait rentrer à Moscou en bon ordre et dans le calme pour le week-end, ont été orientées par erreur à l’intérieur de l’Ukraine et jusqu’à Kiev par leur système de navigation par satellite, complètement déréglé, qui était manifestement passé à l’ouest.
Dès que le bug aura été réglé, ce qui pourrait prendre du temps compte-tenu de la sophistication du sabotage, elles retourneront en U.R.S.S. (pardon, en Russie, l’habitude). S’il était prouvé à la suite d’une enquête impartiale menée par des juges russes impartiaux que quelques plates-bandes auraient été malencontreusement piétinées par nos engins, les dégâts occasionnés, sans intention de nuire, pourraient être indemnisés.
Par contre, si dans cette guerre électronique sans pitié, de nouveaux bug étaient concoctés par les chiens enragés de l’impérialisme occidental, si nos troupes perdaient à nouveau la boussole et s’égaraient encore sur le chemin du retour pour se retrouver par mégarde en Roumanie, en Pologne, en Bulgarie, dans les états Baltes ou même dans les provinces illyriennes, nous déclinerions toute responsabilité.

Une vieille dame de Florac-Trois-Rivières, en Lozère, m’envoie une lettre que je regrette déjà d’avoir reçue et que je publie très à regret, après m’être signé trois fois. Voilà.

“Cher Monsieur Houatfeu, je suis peut-être devenue hypersensible de l’ouïe à mon âge, mais je supporte de moins en moins le ton suraigu des commentatrices de la radio et de la télévision. Comme je regrette les voix graves et mélodieuses de leurs ainés masculins, rassurantes et apaisantes, si vous pouviez agir pour que l’on réduise au moins le nombre de ces jeunes femmes, ou bien qu’elles soient cantonnées aux émissions nocturnes, quand je dors, je vous en serais éternellement reconnaissant. Veuillez agréer, etc.”

Ma réponse est courte.

“Chère Madame, je suis très surpris par le fait que la sonorité de votre sororité vous soit insupportable, sachez que je ne l’entends pas du tout de la même oreille que vous et qu’il est évident que personne, dans les circonstances actuelles, ne pourrait même envisager une minute de prendre les mesures que vous préconisez contre votre propre genre. Permettez-moi de vous conseiller d’aller tous les jours au bureau de tabac ou à la Maison de la Presse de votre belle commune des Cévennes, s’il en reste encore, pour acheter un des quotidiens de la presse écrite, lisez le journal, bon sang et coupez votre radio et votre télévision, puis prenez rendez-vous avec un O.R.L., la prochaine fois que vous irez en ville.

Vous verrez, vous guérirez vite, votre très dévoué etc.”

Ouf!

Le plus jeune président d’un des plus vieux pays d’Europe s’était adressé au peuple. A peine avait-il terminé que tout le monde lui était tombé dessus, scandale, comment osait-il, pour qui se prenait-il, il se croit déjà réélu, trahison, menace sur la démocratie, etc.

Personne ne semblait avoir remarqué le ton monocorde, l’œil las, ni même le petit sourire un peu mélancolique, ou résigné, vers le milieu du discours. La vérité, c’est qu’il en avait assez du pouvoir, qu’il en était vacciné, en quelque sorte et qu’il n’avait aucune intention, à l’âge de quarante-cinq ans, de s’enfermer dans un bunker pour cinq ans de plus avec une population, un parlement et des journaux hostiles et mesquins. Il se préparait donc à jouer un bon tour, égal à celui qui l’avait porté au pouvoir contre toute attente, cinq ans auparavant. Il voulait lire, marcher, réfléchir, écrire, dormir et si jamais il faisait fortune, ce serait seulement par mégarde. Il attendait donc la dernière minute pour annoncer qu’il ne se représenterait pas, il savait que l’annonce ferait un gros effet pendant deux jours, puis que tous se concentreraient sur les candidats qui s’entredéchireraient comme des loups pour la place qui avait été laissée chaude par ce miracle inattendu.

Alors qu’il buvait un spritz au mois de juin 2022 sur la terrasse ensoleillée d’une bel hôtel de la côte amalfitaine, l’ancien président bronzé, en short et tee-shirt, s’amusait du fait que son successeur semblait appliquer à la lettre l’intégralité du programme politique qu’il avait présenté dans son discours totalement oublié de novembre de l’année précédente.

” J’aurais mis le train sur les rails”, pensait-il, puis il alla prendre le bateau pour Capri.

Un internaute me signale une nouvelle affolante qui court sur la toile: Beyrouth s’apprêterait à proposer la nomination de Carlos Ghosn comme Ambassadeur de la République libanaise auprès de l’Etat du Japon, avec l’immunité qui serait attachée à ce titre. L’ambassadeur du Japon à Beyrouth aurait déjà signalé le fait que cette proposition serait immédiatement refusée si elle était faite, et que l’Empereur, alerté, aurait dit “We are not amused“, un peu à la manière de la Reine du Royaume Uni.

Cela sent l’intox à plein nez.

Une vieille dame, dans une lettre acheminée par la Poste, m’écrit ceci:

“Je comprends les végétariens, végans, antispécistes, tous ceux qui refusent d’assassiner les animaux, mais je voudrais leur rappeler une question posée par Alphonse Allais, un humoriste du début du siècle dernier: lorsque vous faites cuire vos légumes dans une casserole d’eau, vous condamnez à une mort atroce des milliers, voire des millions, de micro organismes qui y vivaient en paix. Auriez-vous le courage d’allumer le feu sous un immense récipient qui contiendrait des milliers, voire des millions, de chevaux, de chiens ou de chats ? Passe encore de tuer des végétaux, mais commettre un génocide pour les faire cuire, quelle honte!”

Madame, je vous réponds, comme l’aurait fait le regretté Alphonse Allais, que les antispécistes ont d’autres chats à fouetter.