A l’écoute de son temps

Une vieille dame de Florac-Trois-Rivières, en Lozère, m’envoie une lettre que je regrette déjà d’avoir reçue et que je publie très à regret, après m’être signé trois fois. Voilà.

“Cher Monsieur Houatfeu, je suis peut-être devenue hypersensible de l’ouïe à mon âge, mais je supporte de moins en moins le ton suraigu des commentatrices de la radio et de la télévision. Comme je regrette les voix graves et mélodieuses de leurs ainés masculins, rassurantes et apaisantes, si vous pouviez agir pour que l’on réduise au moins le nombre de ces jeunes femmes, ou bien qu’elles soient cantonnées aux émissions nocturnes, quand je dors, je vous en serais éternellement reconnaissant. Veuillez agréer, etc.”

Ma réponse est courte.

“Chère Madame, je suis très surpris par le fait que la sonorité de votre sororité vous soit insupportable, sachez que je ne l’entends pas du tout de la même oreille que vous et qu’il est évident que personne, dans les circonstances actuelles, ne pourrait même envisager une minute de prendre les mesures que vous préconisez contre votre propre genre. Permettez-moi de vous conseiller d’aller tous les jours au bureau de tabac ou à la Maison de la Presse de votre belle commune des Cévennes, s’il en reste encore, pour acheter un des quotidiens de la presse écrite, lisez le journal, bon sang et coupez votre radio et votre télévision, puis prenez rendez-vous avec un O.R.L., la prochaine fois que vous irez en ville.

Vous verrez, vous guérirez vite, votre très dévoué etc.”

Ouf!